Design - Jim Phillips

Interview avec le légendaire Jim Phillips pour Skate.fr

Cette fameuse main bleue de laquelle surgit une bouche hurlante est un des symboles forts de la marque Santa Cruz. Sérigraphiée sur T-shirts, sweat, stickers et naturellement boards elle a été récupérée par nombreux: bikers, punks, touristes en goguette dans la ville de SC, dessinateurs du dimanche et autres professionnels en mal d’inspiration. Ce design Low Bro est désormais devenu un incontournable. L’homme derrière la création, c’est Jim Phillips : un véritable cerveau du design mis en branle par des neurones agités, version fantasmagorique et contre-culturelle. L’artiste a puisé ses premières influences dans la BD et au sein de l’œuvre de Dali. Il a bossé dur pour atteindre son niveau de maitrise. Dessiner c’est un peu comme apprendre une trick. Ca demande du temps et de l’engagement. Petit interview avec le génie !

Mc Gohan : Jim, comment es-tu devenu artiste ?

Jim Phillips : J’ai grandi un peu sur la route car mon père était dans l’armée aussi nous changions de base régulièrement. J’ai fréquenté un bon nombre d’établissements scolaires et j’ai eu du mal à suivre en cours. Je n’avais pas d’amis sur le long terme et je m’amusais souvent seul armé d’un crayon et d’une feuille de papier. Santa cruz 80's skateboard deck Jim philips graphismNote que la TV n’était pas trop développée en ce temps, mes idées venaient des journaux principalement, avec les illustrations et les petits extraits de comics qu’on y trouvait. J’ai montré deux trois créas à mon grand-père. Il a été bluffé et m’a offert un livre sur les techniques de dessin. Ca m’a troublé. J’ai acheté de l’encre, des plumes et tout le matériel adapté. Je me suis appliqué crois moi ! De toutes façons il fallait que je m’en fasse un travail car au-delà du skate et du surf, dessiner c’est tout ce que je savais faire ( rires …)

Mc Gohan : Ton travail est plutôt abstrait et surréaliste ?!

Jim Phillips : Dali et Picasso sont des maitres à penser pour moi. Picasso m’a appris l’instinct. Tu imagines qu’il était en mesure de créer une œuvre majeure en moins d’une heure. En revanche Dali m’a montré qu’il pouvait être intéressant de prendre son temps. Ses toiles son méticuleuses, travaillées. Je me situe entre les deux.

artist Jim phillips Santa cruz skateboards in his workshopMc Gohan : Quelle période de ta vie a été la plus prolifique ?

Jim Phillips : Dés lors que j’ai eu mon propre atelier avec des employés. C’était dans les 80’s et il y avait beaucoup de demande, notamment de la marque de skate Santa Cruz, d’où le fait que je sois reconnu au travers de leurs produits. J’ai essayé de diriger le studio comme Walt Disney le faisait à ses débuts. Laisser l’inspiration originelle et corriger les incohérences si besoin.

Mc Gohan 
: L’expérience procure-t-elle de la certitude?

Jim Phillips : L’expérience représente beaucoup oui. De façon ironique il existe deux types d’expériences : professionnelle et connaissance de soi. Jeune j’ai connu des périodes troubles induites par une forme de déscolarisation. Je me connais bien maintenant et c’est devenu une force car je puise mes souvenirs depuis cette période : les idées globalement violentes qui sont intégrées dans mes créations. C’est le cas de la Screaming Hand : elle refuse d’écrire, de travailler. Elle se rebelle elle hurle et crie « Non !!». C’est en quelque sorte mon expérience personnelle qui m’a apporté cette idée. Ca rejoint d’ailleurs le titre de Pink Floyd, Leave the Kids Alone.

Mc Gohan : Comment continuer à rester créatif ?

Jim Phillips : Il n’y a jamais rien de nouveau sous le soleil ! Jamais rien de neuf ou rarement et c’est vrai. J’ai ça en tête et je bosse avec une motivation qui me pousse à effectuer les meilleurs rendus possibles en m’inspirant au quotidien de ce que je vois. C’est un couple. Je regarde aussi beaucoup de vieilles illustrations et je les reprend avec mes éléments, mes idées mes tendances ou celles que mon client m’indique.

Mc Gohan : Quelles ont été tes premières expériences professionnelles ?

Jim Phillips : Je pensais que j’allais étudier l’art version classique à l’école ( rires …), puis je me suis dit que j’aurais du étudier la pub car ça me permettrait d’en vivre. Finalement j’ai travaillé très tôt dans une société. C’était une manufacture de planches de surf. J’ai commencé à m’exprimer sur ce support. Je faisais les artworks. J’ai bossé pour une marque de motos avant de devenir indépendant et avant que l’industrie du skate ne vienne me débaucher.Jim & jumbo Phillips artwork santa cruz skate board

Mc Gohan : Quels conseils donner à un jeune créatif ?

Jim Phillips : la patience et le travail avant tout. J’ai personnellement décidé de m’attacher aux jeux d’ombres et aux lumières mais chacun trouve son chemin. Ca c’est sur l’approche de la représentation et du rendu. Il faut essayer de ne pas se perdre en en route évidemment ( rires …).

Mc Gohan : Tu skates toujours ?

Jim Phillips : Mon fils Jimbo oui, moi moins. Je ne suis plus tout jeune. Cependant je suis toujours dans la skate-scene. Mes amis sont Jason Jesse, Rob Roskopp et tous les fous de courbe et de street de cette bonne vieille ville de Santa Cruz. Je dois beaucoup à notre communauté, à notre lieu de vie. C’est rempli d’influences !!!

www.jimphillips.com