Emblematic Spots - Le gap de Carlsbad

Par Sir Mac Gohan

Skater c’est cool mais aller à l’école c’est moins le pied. Skater dans une école fermée, ça c’est le top. Le gap de Carlsbad est en phase avec cette troisième option : une prise d’élan permettant de démarrer une line avec un gros gap en longueur, du gazon en dessous de la board lors du vol ainsi qu’un rail un peu en décalage. De l’avis de tous ses afficionados, le gap vu et revu, présenté et représenté, n’était pas le spot le plus confortable du monde. Il était rempli de cracks et la repose se trouvait être glissante, légèrement en montée et en devers. Grosso-modo c’était pas terrible pour les genoux ni pour le landing à tendance hasardeux. Circonstances qui lui avaient conféré le second sobriquet de « drop qui ne pardonne pas ». Ca c’est le point de vue des skaters parce que bien entendu aucun élève scolarisé dans l’établissement n’avait conscience de cette architecture spécifique, véritable délire pour un rider pro. Ca passe ou ça casse et il suffit de voir la grosse slam de Josh Kasper en 360 flip dans la Blind Trilogy pour saisir la teneur et le potentiel des fails. Au-delà du blondinet qui s’était fait mal aux fesses et qui aurait pu y laisser des plumes ou une partie du cerveau pour être très clair, c’est Kris Markovitch qui avait ouvert les hostilités avec un bon flip, bien lent, plutôt maîtrisé et nourri de style. C’était en 1994. Si nombreux ont taquiné la piste d’atterrissage, Jeremy Wray se sera presque spécialisé pilote de haut vol avec son flip front, son frontside 360 à pleine vitesse ou son backside heel.

On peut aussi citer Penny avec un switch flip front, Brandon Turner en switch hardflip, Chris Cole en switch heel front. Notons que kasper, le premier cité, aura plaqué un 360 flip Benihana parfait. Pas trop courant comme trick. Un spot comme l’Embarcadero, situé au cœur d’un mégapole dynamique n’étonne personne quant à sa popularité mais Carlsbad c’est un peu un bled situé à deux pas de la plage et à un bon nombre de miles des grosses agglomérations. Pourquoi et comment le spot est devenu réputé ? L’industrie du skate est assez concentrée autour du patelin. Du coup photographes, vidéastes et pros en goguette avaient l’habitude de s’y donner rendez vous histoire de voir qui allait se faire mal. Markovitch explique : «  tu pouvais techniquement savoir faire une trick compliquée mais si tu la posais sur le gap, ça y était, t’avais ta renommée ». On ne compte plus le nombre de chevilles twistées ou d’os brisés à se lancer dans ce petit jeu. Le spot avait une réputation : foutres les boules et balancer sa dose d’adrénaline, que la trick soit réussie ou non. T. Hawk qui n’était et qui n’est toujours pas trop le streeter par excellence raconte : « Je suis skater pro et j’ai vu qu’il s’y passait des choses alors je me suis senti obligé, c’est mon travail, de m’y frotter. Tout ce que j’ai fait c’est que j’ai gapé en ollie et franchement c’était flippant. J’ai pas recommencé ».

En 2012 les bulldozers sont passés par là et ont détruit le monument. Exit les rendez vous à la Carslbad Elementary School qui du coup vivait aussi le week-end. Le spot a connu une renommée telle qu’une page facebook lui est consacrée et que la ville même communique toujours sur le spot de skate défunt. Plutôt rare pour une municipalité d’honorer la planche à roulettes !!

Une video rétrospective du spot a également été produite. C’est d’avantage l’histoire d’un lieu et d’une évolution du skateboard que les tricks qui sont l’âme du film. Bien évidemment depuis 2012 l’engagement général des fous à roulettes est encore plus extrême et pour certains bangers new school shootés aux marches d’escaliers, l’école de Carlsbad ne reste que le souvenir d’un spot lambda, pas trop mal pour s’échauffer. R.I.P.

 

(#TGCTV) Shaan Harris Vs. The Carlsbad Gap = Kickflip Roastbeef